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02/08/2010

Albi : la cité épiscopale entre au patrimoine de l'Unesco

albi a.gifLes foules internationales

vont découvrir

le véritable message

de la cathédrale Ste-Cécile :




Nos félicitations à la ville d'Albi ! Félicitons notamment le P. Paul de Cassagnac, curé de la cathédrale depuis l'an dernier : 47 ans, prêtre depuis 2000, spécialiste de la doctrine 200910141620_w350.jpgsociale de l'Eglise, enseignant à l'Institut catholique de Toulouse, il est responsable d'Albi-Sud (55 000 âmes et 22 clochers, avec une équipe de treize prêtres et trois diacres).  « En tant que curé, ma première mission est de favoriser la rencontre entre les personnes et le Dieu vivant. Je souhaite que dans la cathédrale Sainte-Cécile, haut lieu sacré et poumon spirituel d'Albi, se conjuguent la foi et la culture », soulignait-il lors de sa prise de fonctions, ajoutant qu'il aspirait à une Eglise « proche des gens et attentive aux questions de société ». «L'Eglise a un trésor avec l'Evangile, son orientation est très humaine et très équilibrée : il faut forger une intelligence chrétienne», précisait-il.

Il y a quelques mois, le diocèse m'avait invité à donner des conférences-débats sur l'écologie dans la pensée catholique : deux excellentes soirées de discussions et de rencontres à Castres et à Albi. Le P. de Cassagnac m'avait fait visiter la cathédrale, en me faisant découvrir – outre la prodigieuse fraîcheur des fresques – la statuaire du choeur, speculum salutis, « miroir du Salut » : elle expose, dans une continuité sans ruptures, l'histoire de l'Alliance de Dieu et des hommes, de l'âge des patriarches bibliques à celui de l'Eglise chrétienne.

Cette idée de « continuité sans ruptures » est subversive à notre époque, où règne une idéologie de destruction de toutes les transmissions, propre au capitalisme tardif  et nous enfermant dans l'incohérence : le monde n'est plus à déchiffrer mais à consommer, et l'homme est réduit à l'absurdité de pulsions formatées par la marchandise.

Le thème du « Salut » est encore plus subversif face à l'idéologie d'aujourd'hui : celle-ci fait croire à l'individu qu'il se crée et se transforme lui-même à volonté ; elle refuse qu'il soit une créature, et qu'il ait à renouer (c'est le Salut) avec son Créateur.

J'y pensais dans le choeur de la cathédrale en regardant ses statues du XVe siècle, extraordinaires de vie : les personnages de la Première Alliance annonçant ceux de la Nouvelle. Les apôtres tenant chacun un phylactère où se lit un article du Credo. L'Eglise instrument du plan du Salut, dans les tempêtes de l'Histoire...

Et la sainte patronne de la cathédrale, Cécile : non une reine mais une martyre.

Le nom et le message de la cathédrale d'Albi, trop souvent présentée comme une « forteresse » de virilité guerrière, lui viennent d'une femme, qui donna sa vie en témoignage de foi.

Cécile est ainsi une sainte patronne de la nouvelle évangélisation au XXIe siècle, qui n'a rien à voir avec une croisade ou une reconquête. [Voir note de ce blog, 01/07/2010].

La cathédrale d'Albi avait au XVe siècle une silhouette plus bienveillante qu'aujourd'hui. Elle n'a pris une hauteur d'orgueil que depuis un certain M. Daly, architecte du XIXe siècle. Après 1830, en effet, celui-ci décida d' « achever » l'édifice en lui ajoutant six mètres en élévation pour le faire ressembler à un fantasme guerrier moyenâgeux : celui d'une fraction des catholiques français du XIXe, enfermés dans le rêve d'une revanche théocratique sur la Révolution. Une revanche aux couleurs d'un Moyen Âge  inventé... De ce passéisme persécuté-persécuteur [1] l'Eglise nous a libérés, à la fin du XXe siècle, par le concile Vatican II [2], qui a sorti la foi plénière des impasses politico-religieuses où elle s'était enfermée localement (surtout en France) sous le coup de crises maintenant dépassées.

La seule identité du chrétien est l'identité divino-humaine de Jésus, l'Unique Nécessaire : on peut faire confiance au diocèse d'Albi pour transmettre ce message aux foules qu'attirera la ville, désormais joyau reconnu du patrimoine de toute l'humanité.


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[1] D'où les cantiques de cette époque, à la fois plaintifs et belliqueux : « Les mains liées et la face meurtrie... » - «Et de nouveau consacrons l'alliance / De notre épée avec la Croix... » etc.

[2] Le véritable concile : celui des mises au clair et des orientations votées par les évêques. Non le pseudo-concile des médias et de l'idéologie « progressiste » des années 1970.

 



Commentaires

DECANTER

> Merci de ce renseignement. J'avais toujours été mal à l'aise devant le côté "agressif" de l'allure extérieure de cette cathédrale. Vous m'apprenez que sa version originale du Moyen Age était plus basse de 6 mètres ! ce qui changeait tout. J'apprends aussi que cette surélévation fut l'oeuvre d'un homme du XIXe siècle, qui a projeté sur l'édifice l'idéologie "troubadour-chevaliers-croisés etc" du romantisme, additionnée d'esprit de revanche catholique antirévolutionnaire : idéologie qui servit beaucoup à la droite ultra chambordiste de cette lointaine époque. Choses si lointaines en effet qu'elles n'ont plus aucun sens aujourd'hui. Donc merci de restituer ainsi à Sainte-Cécile d'Albi son sens évangélisateur, décanté des phantasmes politico-religieux d'il y a 150 ans !
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Écrit par : julia / | 02/08/2010

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